Date de parution : 12/06/2025

Résumé : Pourquoi ce thème de la victime ? La victime est partout – c’est un signifiant-maître contemporain. L’insistance médiatique de ce signifiant interpelle : pas un jour sans l’entendre sur les ondes ou le lire dans un article. Pas un jour non plus sans qu’un analysant n’invoque le préjudice qu’il croit subir d’un partenaire amoureux, d’un employeur, d’un voisin, figures imaginaires de son fantasme. Pas un jour enfin sans que chacun de nous ne se sente victime lui-même, à un moment ou à un autre. Ce croisement sociétal et intime m’a paru intéressant à creuser. Dans son ouvrage, Françoise Denan explore la notion de victimisation généralisée sous l’angle de la psychanalyse. D’où vient cette victimisation ? Le déclin de la figure paternelle, comme l’ont proposé Freud et Lacan pour expliquer l’émergence de la psychanalyse, peut-il éclairer cette mutation subjective que l’auteure examine sous différents aspects ? À une époque où les luttes politiques remettent en cause le patriarcat, elle nous rappelle que le père n’est pas uniquement un oppresseur, abuseur ou jouisseur, comme il est souvent représenté. La fonction du père implique également la notion de limite. Aujourd’hui, il est manifeste que nous ne vivons plus sous le régime de la loi paternelle ; elle s’effrite partout, et la pulsion se dénude, se déchaîne de plus en plus. Françoise Denan l’illustre par de nombreux exemples comme l’inceste, la guerre, la chasse aux sorcières, l’impossibilité de concevoir une politique commune pour lutter contre le réchauffement climatique et la disparition des espèces, etc Françoise Denan fait une large place à la nécessité d’entendre les victimes, à ce qu’elles ont à dire.