Date de parution : 02/10/2025

Résumé : Qu'ont à voir Marie Curie, un écolier qui s'ennuie sur son pupitre ou Saint-Jérôme ? Une tête posée dans la main, marquant la réflexion et qui peut sembler, plus ou moins, peser. C'est à ce motif iconique que s'intéresse ce livre, venant interroger quels sont les images et imaginaires qui entourent la pratique de la pensée. Traversant les époques, l'objet de ce livre iconophile, joyeux et érudit est de saisir l'histoire complexe d'une attitude, de découvrir les cheminements par lesquels la " tête pensante " s'est ancrée dans notre imaginaire au point de devenir un topos utilisé pour représenter la pensée, la cogitation, la méditation ou encore l'introspection. Souvent montré assis, la tête posée sur une de ses mains, voire sur les deux, la réflexion intense du penseur et du savant s'accompagne de certains mouvements comme porter la main au front, à la bouche ou au menton. Du point de vue anatomique, soutenir sa tête permet de venir soulager l'adoption d'une mauvaise posture de travail qui peut finir par entraîner des raideurs de la nuque et une difficulté à bouger la tête. Mais cette pose tient aussi a une ergonomie du travail savant, celle qui consiste à avoir attaché ce travail à un bureau, qui implique diverses contraintes, comme celle de devoir incliner la tête pour lire, écrire sur un cahier, ou regarder l'écran d'un ordinateur. Étudier cette pose de la tête pensante sur le temps long relève autant d'une histoire des savoirs qui envisage de manière concrète la production des idées, d'une histoire des corps (utilisés ici pour rendre compte de la cogitation, cet acte si difficilement représentable) et d'une histoire des arts qui, depuis l'antiquité, a trouvé dans cette mise en scène particulière une manière, si ce n'est la manière, d'évoquer la réflexion, et par là la nature du rapport, souvent douloureux et pesant, que nous entretenons avec la connaissance, sa production ou sa transmission. Rythmé par des images en série et organisé en courts chapitres thématiques, le livre tente d'abord de cerner l'émergence de cette pose, pour en dessiner du moins les premiers contours au travers de la figure du philosophe antique, du poète et des méditants de la religion chrétienne. S'ensuit une pérégrination qui, des enfants aux femmes savantes, nous fait passer par saut, par progression, ou par effet de simultanéité, des érudits mélancoliques aux savants rêveurs avant d'envisager la recrudescence des portraits de scientifiques épuisés à la fin du XIXe siècle.